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400 coups et fraternité

Souvent je pense qu’ils vont grandir et me snober, m’en vouloir pour plein de trucs, plus ou moins absurdes, plus ou moins justifiés, ça ne me rend pas triste, je me prépare, je les connais les ados, j’étais un bon spécimen, ça cochait toutes les cases.

J’ai beaucoup de tendresse pour la jeunesse, la révolte, la colère, ce déchirement intérieur qui nous arrache de l’enfance et nous plonge dans le vide abyssal des adultes, les responsabilités soudaines et la découverte de leurs problèmes étranges, leurs préoccupations superficielles, ces histoires de déco et d’impôts, le vrai sens de la vie qu’ils semblent avoir perdu en cours de route, tristement habitués au moule. Il y a vraiment de quoi être en colère, quand on découvre que notre monde est laid et que les têtes se tournent face aux injustices qui l’inonde. On parle souvent de l’enfant intérieur mais moi je pense beaucoup à mon ado intérieure, je me rappelle de son mépris pour le matériel, de ses rêves d’amour inconditionnel, elle était naïve mais elle a posé des bonnes fondations, au fond. Je suis mère, et je les vois, et je devine. Ils m’en voudront pour des erreurs que j’aurais sûrement commises sans le savoir et ils finiront par se radoucir. On revient toujours… Plus tard, quand on s’assagit, que tout devient plus nuancé et qu’on pardonne.

Les parents restent des parents, ils feront leurs 400 coups dans mon dos et ils auront raison, mais il y a une chose pour laquelle je nourris un petit espoir, un espoir vain, parce que ce n’est pas entre mes mains, mais un espoir quand même. Celle qu’ils gardent ce lien, cet amour fraternel.

On le voit bien ici, et devant cette photo je me suis dis, ce serait drôlement beau, s’il durait toute la vie.


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