Ils sont là, je leur ai manqué il parait, ils ont fait l’inventaire des gâteaux dans le placard, et des jus, aussi, surtout celui à la pomme qu’elle préfère, Aaron n’a pas retrouvé le personnage lego qu’il cherchait partout, ni chez papa, ni là, c’est très fâcheux semble-t-il, il faudra vider les paniers remplis de petites pièces détachées et tout dépiauter, on va le retrouver ce pingouin, allez va, pour ce matin il y a des pancakes et du sirop d’érable, pour cet après-midi des tickets de manège et des jeux de société, cette nuit on a dormi ensemble comme à chaque fois après une semaine séparés, qu’est ce que je dors mal dans mon 140 avec vous collés et lanceurs de coup de pieds, on dort moites et tous raides, je me lève toujours un peu désarticulée, mais pour rien au monde je n’y renoncerai. Leur respiration berce mes nuits d’insomnie, les réveils sont toujours plus enfarinés et vaporeux, mais ils sont plus beaux avec eux. Corps tuméfiés, cœurs prêt à craquer.
Je dors au milieu et je ne sais jamais de quel côté me tourner. J’ai peur d’en favoriser un, qu’il se réveille au milieu de la nuit, me voit lui faire dos, pire, constate que je suis lovée contre l’autre, et qu’il se sente délaissé ou triste. Alors pour leur éviter cette déception affective dont je ne saurai me pardonner le traumatisme, je dors sur le dos, comme jamais je n’ai aimé, droite comme un piquet, la tête légèrement inclinée par réflexe mais sans jamais choisir de camp -Neva, côté gauche, qui dort en chien de fusil, toujours courbée comme un roseau , ou Aaron côté droit, étendu avec sa légendaire sobriété, comme un lasso fatigué qui se serait enfin abandonné à son propre épuisement. Je ne choisis pas de côté. C’est peut être ça etre maman ?
Dormir droite pour leur montrer que je les aime pareil et préférer ruiner mon dos plutôt que de les faire douter de mon équité inconditionnelle.
Le jour vient de percer les volets. Comme prévu, corps tuméfiés, cœurs pleins à craquer.
Bonjour mes amours, dites-moi, de quoi avez-vous rêvé ?
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