Je suis parisienne et ça veut dire que les fêtes sont ici, elles ont toujours été ici.
Il n’y a rien qui m’émeut plus que la vision des gens qui partent, qui retournent sur leurs terres d’enfance. J’adore imaginer la vie des autres, ce serait rustique et chaleureux, la neige serait tombée comme par miracle et on serait dans un téléfilm de noël, avec des chemises de bûcheron et des gens pleins de bonnes intentions.
Cette année je n’ai pas regardé un seul navet à Falls City, le cœur n’y était pas, l’appréhension du 24 peut-être, ce 24 sans eux, bizarre, anormal. Depuis 2 ans j’ai trouvé mille raisons de ne plus aimer autant noël, de lever les yeux au ciel devant les décorations trop travaillées, comme si tout cela sonnait un peu creux, un peu faux, une injonction à la joie, un fantasme impossible à réaliser quand la vie nous a fait trébucher.
Prière de vous imprégner de magie et de rappeler au monde comme vous êtes heureux. Ce genre de conneries.
Et puis j’ai croisé mon voisin, celui qui tire la gueule d’habitude, il avait sa valise à la main et distribuait des sourires dans l’ascenseur. Où va-t-il ? N’a-t-il aucune crainte face aux terribles dîners familiaux qui virent à l’interrogatoire ? N’est-il pas fatigué d’avoir cherché des cadeaux et subi Mariah Carey depuis le 2 novembre ?
Il ressemblait aux héros sur TF1 qui reviennent dans leur fief quelques jours d’hiver pour s’affaler sur leur lit d’ado avec les vieux posters toujours placardés au mur, regarder le plafond de ses 16 ans en pensant au temps qui passe un sourire béat sur le visage. Une fois le scotch rangé, les courses terminées, l’effort vaincu, mon aigreur s’était un peu dissipée, il me restait les guirlandes qui brillent et la promesse de leurs sourires, vers minuit, une heure, par là. On dormira ensemble, on mettra des gâteaux sous le sapin, on trouvera tout ça très bien. La vie n’est pas parfaite et Noël n’est pas aussi magique que dans les films, mais il reste peut-être quelque chose, ce soir, ce 24 décembre différent et bizarre. Ça vient pas des lumières dans la rue, non, ça naît dans le cœur et ça ressemble à une étincelle, un truc auquel on a envie de croire. C’est peut être ça l’espoir ?
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