C’est un TER, il faudra 2h13 environ. Les corps s’enfoncent confortablement dans des fauteuils d’un velours beige passé par le temps et les périples des gens. Des rideaux chaleureux en accordéon protègent les visages d’un rayon de soleil trop agressif et les tablettes accueillent les bouteilles d’eau, les sacs dégoulinants et les mots fléchés.
Le voyage, c’est l’aventure, et la remise des clés de la chambre d’hôtel, toujours une source d’excitation. Les enfants ne sont blasés de rien, ils se balancent leurs chaussettes à la figure et sautent sur les lits comme sur un trampoline. Ils rebondissent du haut de leur insouciance, et j’entends leurs rires qui s’envolent.
On voit la brume tôt le matin. Il y a le buffet gargantuesque du petit déjeuner qu’ils regardent avec des yeux ronds, l’odeur de mon éternel café et la bataille pour savoir qui appuiera sur le bouton. Dehors il y a les célèbres planches, le sable humide, les crêpes au sucre du menu enfant. Et puis le soleil qui s’est levé pour nous, la douceur de l’air qui nous accorde sa présence malgré l’automne.
L’écume les intrigue, Aaron lèche la mousse qui s’est nichée entre ses doigts, il dit ça sent la mer, et les vagues les provoquent. Ils jouent avec elle, qui sera le plus rapide, les bottes sont en caoutchouc mais elle ne gagnent pas à tous les coups, un, deux, trois, cours, dépêche-toi. Ils rient, cavalent, tombent. L’état sauvage les étreint. Ils lancent des coquillages et de l’or pilé dans les vagues laiteuses de la marée basse. Les embruns ont imprégnés les habits, les cheveux ondulent instinctivement, comme si le retour à la nature s’accompagnait fatalement des courbes les plus délicates, sur les corps et dans les cœurs.
J’ai le vent qui siffle dans mes oreilles et la chaleur d’une étoile qui pétille dans les yeux. La mélancolie s’est envolée, elle a laissé place à un sentiment plus noble, la sérénité. La mienne est souvent capricieuse. Une contrariété, une inquiétude, une sortie de route, et le doute m’assaille. Il n’y a qu’eux pour m’offrir cette paix. Un soleil couchant, les mouettes qui chantent, et mes enfants qui sourient à pleines dents, ils me disent c’est trop bien maman. Il n’y a plus d’heure, plus de froid, plus de tourments. Il ne reste plus qu’à bouffer du Galak assis à même le sable et inventer une histoire de volcan en voyant le trou creusé par les gens passés plus tôt. J’aimerais tout vous offrir, si vous saviez, j’aimerais que jamais ces sourires ne n’effacent de vos visages. Vous êtes mon poème, je vous ai appris par cœur depuis que je vous connais. Une petite voix me parle, elle me dit de savourer. Laisse-les trébucher, chuchote-t-elle, au pire on tombe, et alors, on aura juste un peu froid après. Laisse le vent emmêler tes cheveux. Laisse faire le fil de l’eau, le temps, la pluie. Regarde comme la vie est belle. Qui es-tu petite voix? Tu as tellement raison. Je crois bien qu’elle a le goût du sel.
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