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Tétine, les adieux

Ça a commencé à la maternité, je me souviens très bien, la première nuit, un rêve, la deuxième nuit, un cauchemar, pour Aaron j’étais perdue, désorientée, et pour Neva, je savais. Je l’ai promenée, bercée, ballotée, tétine dans le bec, le long des couloirs de la maternité, sans jamais regarder l’heure. Elle fait sa place sur Terre, elle a besoin d’être rassurée. La tétine a commencé comme ça pour les deux et elle est devenue une amie fidèle, un doudou facile, un besoin aussi, ils vous le diront, la succion est une nécessité. L’histoire a duré, trainé, pour elle c’était compliqué. On a rien fait de miraculeux, on a parlé, beaucoup, tenté de lui faire tenir des promesses, ton anniversaire, la rentrée, noël et puis la nouvelle année. Cette fois elle a été d’accord. Vendredi ? Oui vendredi. Elle l’a réclamée tous les jours, tous les soirs, il a fallu tenir, entre douceur et fermeté, 4 ans et demi, un espace inévitable entre les dents de laits quand elle sourit, ça rentrera dans l’ordre paraît-il, encore faut-il arrêter. Maintenant.

Il n’y a pas eu de miracle, ni de chantage, juste une date et son envie à elle de prouver qu’elle pouvait y arriver ? Elle s’est découragée plusieurs fois, elle me disait non je vais pas réussir, et au réveil, elle en parlait, avant même d’ouvrir ses grands yeux bleus. « J’ai dormi sans tetine maman ». Son petit tic de frottement contre le nez va me manquer, son regard tellement doux avec ses éternels airs de bébé aussi. Ça part dans le tiroir des souvenirs, bien plié, avec celui des allers-retours à les bercer dans le couloir de la maternité. La deuxième nuit, jamais la première. Une étape de plus. La nostalgie souvent, la fierté toujours. Et l’amour… l’amour.




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