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Je pourrais dire j'ai un fils

Je me souviens de la surprise. Du déni d’abord. Il doit se tromper, en plus c’est trop tôt 12 SA, vous pensez bien. Impossible que ce soit un mec, moi qui étais persuadée de n’avoir que des filles.

Mais c’est resté et j’entends encore sa voix amusée face à l’écran gris, ses mots qui ne laissaient nullement place aux doutes et ses tempes grisonnantes qui l’attestaient en silence, il en avait vu d’autres, lui.

Et il avait raison, c’était bien un garçon, et je ne le savais pas encore mais ce serait un garçon avec des yeux velours, d’un brun teinté de vert sombre, qui me demanderait tous les soirs comment s’est passée ma journée et voudrait savoir de quoi est faite la croûte terrestre. Il serait comme tous les hommes de ma vie, à parler peu et faire beaucoup.

En vacances il voudrait sauver une abeille qui rampe fébrile au bord de l’eau par peur qu’elle ne se noie, alors il la mettrait dans une pelle et la déposerait doucement, soigneusement, là-bas, sur un sable plus sec, et tant pis si ses ailes ne marchaient déjà plus très bien, il lui aurait laissé une petite chance au moins.

C’était lui, le garçon dans mon ventre, et je pourrais dire j’ai un fils, il a les yeux velours et il aime les abeilles, les méduses, les requins, tout ce qui a un cœur à l’intérieur et mon fils serait l’être le plus pur, une bénédiction.

Les gens diraient que j’exagère et ils auraient sûrement raison, mais qui m’en voudrait, de tant manquer d’objectivité. Je ne suis qu’une mère, je respire pour l’aimer.




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