Je n’ai pas préparé le sac
Ni la tenue
Ni mis le réveil pour eux
Ni lu une histoire
Je l’ai pas prévu le goûter
Je n’ai pas dit bonne nuit en restant dans l’encadrement de la porte pour les entendre me répondre
Ils sont chez leur papa et la veille de rentrée s’est faite sans moi
Demain je serai à l’heure devant l’école pour découvrir les fiers sacs à dos et les mines réjouies
Les cheveux peignés et les bras encore dorés
L’excitation devant la liste de classe et les noms des camarades
Les au revoir un peu fébriles après deux mois collés
J’aime septembre et ses feutres neufs
Le parfum de l’encre fraîche
les nouveaux départs et les chapitres qu’on finit sans regret
C’est ça septembre, un reset, la première page du cahier encore jamais ouvert
On le déplie trop largement, exprès, pour lui donner de l’aisance
Il y aura des ratures et des loupés, bien sûr
C’est ça septembre, et puis la vie aussi
Chercher la perfection, faire des fautes, se reprendre, espérer, recommencer
Je veux ça quand je les vois, je leur souhaite d’explorer, se tromper, réussir, être fier, apprendre des choses par cœur et apprendre aussi avec leur cœur
J’aime l’idée qu’ils aient un jardin secret là-bas, un monde dans leur trousse et des trucs qui n’appartiennent qu’à eux
Les copains, la cantine, les petits robinets, le plastique protecteur mal scotché sur les livres
Alors voilà, tout repart mais rien n’est jamais pareil. Même pas peur. J’aime septembre parce que même la nature nous invite à nous dépouiller, il pleut des feuilles et les arbres sourient d’en haut,
ils disent, aie confiance, laisse glisser, il faut faire le vide pour mieux recommencer
